Cérémonie d’ouverture de la célébration du 29ème anniversaire de la fondation de l’OPL à Camp-Perrin

Cérémonie d’ouverture de la célébration du 29ème anniversaire de la fondation de l’OPL à Camp-Perrin

Discours du Coordonateur Général 

1. Salutations …

Mesdames,

Messieurs

2. Remerciements et félicitations  

Mes premiers propos sont pour remercier et féliciter en même temps le comité exécutif communal de l’OPL à Camp-Perrin et tous ces jeunes chaleureux de l’OPL pour l’accueil  convivial  réservé aux participants et participantes à ce gala d’anniversaire. Mes félicitations vont également au comité exécutif régional du Sud et à tous les membres du comité organisateur des festivités du 29ème anniversaire de la fondation du Parti. 

Les difficultés du jour dues  au climat d’insécurité générale altèrent  l’organisation de la fête sans affecter, toutefois, la détermination  et la ferveur des membres du comité organisateur mus par le souci de mettre en valeur l’image, le prestige et le renom du Parti.  Je suis fier d’être encore une fois le coordonnateur général de ce parti bientôt trentenaire, dépositaire d’un riche héritage de lutte, d’organisation, de service à la patrie à travers sa vision et ses pratiques au service du bien commun. Servir le Parti pour bien servir le pays! Merci, cher.e.s militants, militantes; dirigeants et dirigeantes! Félicitations et bravo!!

3. le sens de la célébration  

Distingué.e.s invité.e.s,

Dirigeant.e.s et militant.e.s du Parti, 

  Nous sommes réunis, ce soir, dans le cadre enchanteur de l’Auberge de Camp-Perrin, pour commémorer, à l’invitation de la coordination régionale de l’OPL dans le Sud, le 29ème anniversaire de la fondation du Parti. Cette cérémonie revêt une double signification. D’abord, c’est le moment de  célébrer, comme à chaque année, selon les moyens, cette œuvre collective  d’une grande valeur qui a su, malgré les difficultés, les péripéties de tous ordres, traverser le temps au point de compter aujourd’hui 29 belles années. Ensuite, c’est le temps de faire un bilan, d’analyser le chemin parcouru pour mieux scruter l’avenir et de dessiner les meilleures perspectives. Nous  sommes ici aujourd’hui pour faire la fête avec nos nombreux invité.e.s qui nous honorent par leur présence. Demain toute la journée,  nous débattrons entre nous, membres et dirigeants des coordinations  internes, des divergences, des incohérences multiples qui affectent la bonne marche du Parti, fragilisent même ses fondations. Cette œuvre  merveilleuse, fruit du labeur d’une génération de pionniers qui arrivent au bout de leur mission et s’apprêtent à passer le maillet, est une construction permanente. Chacun y apporte de son cru. Ils étaient plus de cinq mille dont vingt  signataires par devant notaire de l’acte constitutif  pour donner en 1994 reconnaissance légale au parti issu des délibérations de l’assemblée générale  fondatrice tenue dans la clandestinité les 5 et 6 décembre 1991.  Certains ont pris leur retraite. D’autres ont fait le grand voyage. Plusieurs sont partis vers d’autres lieux de combat, tenter d’autres expériences. Quelques uns sont encore sur la brèche, tenant la barre; ils mènent le navire par temps couvert ou temps ensoleillé. Il a fait du chemin le bateau de sa fondation en 1991 à aujourd’hui.

4. Évolution du Parti             

Gérard Pierre-Charles, premier Coordonnateur de l’OPL (1991-2004), dans son témoignage sur les évènements du 17 décembre 2001 (déchoucage et incendie des locaux de partis et de résidences de leaders politiques par les hordes fanatiques du pouvoir Lavalas), témoignage intitulé : « Éclatement du mythe et nouveaux enjeux», fait est un condensé du contexte historique et idéologique de la fondation du Parti. Je cite: «Avec toute une équipe militante,  nous avons édifié et doté d’une architecture moderne, d’une sensibilité sociale et nationale reconnue, d’une cohérence sans antécédent en Haïti, sans souillure, sans la bave des grands mangeurs, une entreprise politique sortie des entrailles héroïques et humanistes de la jeunesse révolutionnaire et marxiste des années 60, inspirée aussi des ferveurs chrétiennes de ceux qui croyaient vraiment dans la théologie de la libération durant les années 70-80, nourrie de l’ardeur des bases, des leaders naturels de ce mouvement populaire et démocratique surgi avant et après 1986, une œuvre portant les semences les plus saines du passé, les plus résistantes à la mauvaise herbe et aux vermines du présent, marquée des traces les plus courageuses de la résistance et des grains les plus prometteurs du futur, à un moment où le pouvoir s’évertue à tout corrompre». Fin de citation.

l’histoire de l’OPL se confond avec celle des trente années de balbutiement, d’instauration ratée de la démocratie en Haïti passant de la « bamboche démocratique » ponctuée de coups de force, de coups d’État par les armes et par les urnes à la tentation autoritaire d’apprentis dictateurs. Sa genèse remonte, néanmoins, à l’élaboration d’une vision, d’une pensée politique qui prend sa source à la Conférence continentale de solidarité avec Haïti ou Conférence de Panama en 1981. Gérard Pierre-Charles, membre influent du Parti Unifié des Communistes Haïtiens (PUCH) est le promoteur du Comité Démocratique Haïtien de Mexico, organisation réunissant diverses tendances politiques. Il est (avec Max Chancy, communiste; William Smarth et Adrien, prêtes spiritains, adeptes de la théologie de la libération) l’un des organisateurs de cette grande manifestation internationale contre la dictature de Duvalier, « qui marque le rapprochement vers un travail conjoint en devenir des divers courants de l’opposition, en particulier les marxistes et les chrétiens.» De retour de son exil de 26 ans en Haïti, il envisage de continuer la lutte selon une vision de la militance mieux adaptée à la réalité du pays et du monde. Il prend ses distances du PUCH. Il commence à construire un réseau comprenant des militants et militantes venant de divers horizons de la pensée et de l’action politiques, en particulier de la théologie de la libération, des groupements de base, des mouvements paysans. De cette dynamique naîtra, dans la mouvance du combat pour les libertés démocratiques de 1986 à 1990 et surtout de la lutte contre le coup d’État militaire de 1991, l’OPL (Organisation Politique Lavalas devenue plus tard Organisation du Peuple en Lutte par décision de l’Assemblée générale extraordinaire du 16 avril 1999). Il en est le Coordonnateur Général jusqu’à sa mort survenue à Cuba le 10 octobre 2004 suite à des complications pulmonaires.

Dans son évolution, l’OPL passe par trois étapes marquées par la personnalité de trois  coordonnateurs généraux: Gérard Pierre-Charles, Edgard Leblanc Fils, Sauveur Pierre Étienne.   non comptée la période d’intérim de 2016 où les commandes sont assurées par  le secrétaire exécutif national Jean Maurissaint Irvelt Chéry.  

La première étape dite de formation, de consolidation et d’affirmation du Parti va de 1991 à la tenue du 2ème Congrès national en décembre 2004. Pendant cette période, l’OPL manifeste son engagement pour le changement social et politique en Haïti, notamment en étant en première ligne de tous les combats contre les tendances autoritaires et dictatoriales, les dérives anarchiques et antidémocratiques des pouvoirs en place. Elle est l’organisation de résistance par excellence, forte du militantisme de ses membres, du courage et de la rectitude de ses dirigeant-e-s. Elle jette les bases d’une institution nationale, permanente; se forge une image d’organisation combattante, sérieuse et responsable dans ses prises de position.

Au 2ème Congrès National tenu les 17, 18, 19 décembre 2004, l’OPL adopte une nouvelle ligne politique. Elle entend modeler ses structures, renforcer ses capacités institutionnelles, se transformer en instrument de conquête et de gestion du pouvoir d’État. Sans cesser d’être une organisation de résistance, elle se profile tel un instrument de conquête du pouvoir politique notamment par l’organisation et l’extension de ses structures sur le territoire national. La mise en place de ses Mouvements de jeunes et de femmes. Elle fait pression pour la tenue des élections, y participe à tous les niveaux, et se range parmi les principaux partis politiques tant par sa représentation au Parlement et dans les collectivités territoriales, la discipline de ses élus, la force de ses propositions que par la qualité de ses militants et militantes.  

Au cours de cette deuxième  étape de son évolution initiée par le 2ème Congrès National, l’OPL participe à l’effort de socialisation des forces politiques. Elle contribue à l’élaboration et à l’adoption du « Pacte pour la Stabilité et la Gouvernabilité » auquel adhèrent avant les élections de 2005 plusieurs partis politiques. Dans la ligne de pensée et d’action contenue dans ce pacte, elle fonde avec d’autres partis la Convention des Partis Politiques Haïtiens, un espace de dialogue et de convivialité entre des acteurs d’orientation et d’idéologies politiques différentes, qui se définit comme un forum permanent de débats sur des questions relevant de l’intérêt national, de la promotion et de la défense des partis politiques et de la normalisation de la vie politique. 

L’OPL se veut, à cette période de son évolution, une institution, un patrimoine national. Elle renforce sa vision et consolide ses fondements idéologiques par l’élaboration et la diffusion de son CREDO. Elle aborde ainsi la troisième étape de son histoire qui débute au IVème Congrès National du Parti, tenu aux Cayes, dans le département du Sud, les 26, 27, 28 août 2011. 

Devenu, dans sa mutation à partir de 2008, un parti de pouvoir, elle perd un peu de son caractère associatif tant prisé par ses fondateurs laissant plus de champ à l’instrument de combat pour la conquête des espaces politiques sans modifications appropriées de ses instances de décisions politiques, ce qui lui cause des revers, affecte le leadership collectif et met à mal le vivre ensemble, la franche camaraderie des premiers temps de l’Organisation. Si le Parti régresse sur le plan de sa représentation au Parlement et perd de son influence sur l’échiquier politique tant dans l’orientation de l’opinion publique que dans la gestion des espaces de pouvoir, elle reste néanmoins sur le plan formel une force, la troisième, consacrée par les résultats obtenus lors des dernières élections nationales et territoriales de 2015-2017. Au niveau national, elle gagne un (1) Sénateur et neuf (9) Députés. Dans les collectivités territoriales, elle est présente dans cinquante-quatre (54) Conseils d’Administrations de Sections Communales (CASEC), cinquante-six (56) Assemblées de Sections Communales (ASEC), neuf (9) assemblées de délégués de ville(DV), neuf (9) Conseils municipaux. Au total, OPL compte cinq cent soixante-treize (573) élu.e.s dont  trente-huit pourcents (38%) de femmes, soit deux cent dix-sept (217).  

5. Affirmation politique et idéologique

Dans son ancrage politique et idéologique, l’OPL se définit comme une organisation de masse à caractère démocratique, institutionnel, national, à sensibilité populaire. Elle est de la grande famille des partis politiques progressistes  de la démocratie sociale. Membre de la COPPPAL (Conférence Permanente des Partis Politiques de l’Amérique Latine et de la Caraïbes), elle adhère conformément à son CREDO au CONSENSUS 2020 adopté à l’occasion de la 38ème réunion plénière tenue en virtuel le 27 novembre dernier.  Le CONSENSUS COPPPAL 2020  prône un nouvel ordre international plus juste, équitable, prospère et inclusif.  Il se veut progressiste, social-démocrate, en accord avec les principes de liberté, de justice, d’égalité et de solidarité. Il promeut un dialogue franc et direct sur les thèmes brulants d’actualité: migration, coopération pour le développement,  protection des droits humains, paix et sécurité internationale. Il encourage la construction de démocraties de qualité et à temps plein; l’amélioration de la représentativité politique, l’éthique dans l’exercice du pouvoir, la transparence et la reddition de comptes.  

Dans sa vision stratégique et son analyse de la situation du pays, l’OPL identifie cinq ruptures à opérer dans la gestion de l’État pour sortir durablement de la crise séculaire et multidimensionnelle: 

  • Rupture avec l’État traditionnel et néo patrimonial par la mise en place effective des bases pour la construction d’un État de droit démocratique ;
  • Rupture avec l’économie de rente axée beaucoup plus sur la prédation à travers l’importation à outrance, que sur le travail productif et le développement par l’amélioration durable de la situation économique nationale et des conditions de vie de la population ;
  • Rupture avec la gestion calamiteuse de l’environnement national par l’aménagement du territoire, la protection des bassins versants, le contrôle de la population ;
  • Rupture avec le positionnement sur l’échiquier international basé sur une posture nationaliste mais qui assimile la dépendance politique du pays à une fatalité, par le relèvement de la dignité nationale et la reconquête de notre souveraineté ; 
  • Rupture avec la mentalité politique archaïque axée sur le mysticisme, le clanisme, l’exclusion qui encourage l’apathie sociale tout en renforçant la gouvernance autocratique et arbitraire, par une gouvernance démocratique visant la modernisation de la vie politique en Haïti. 

6. Où en est le parti dans le contexte actuel? 

Dans le contexte actuel, l’OPL assume son héritage de lutte pour le respect des principes démocratiques et des règles de base du fonctionnement d’un État de droit. Elle s’associe à d’autres forces politiques et sociales pour contrer les velléités dictatoriales de Jovenel Moïse, président de la République,  le forcer à respecter les prescrits constitutionnels relatifs à la durée  du mandat présidentiel et les modalités d’application contenues dans la loi électorale de 2015 qu’il a lui-même utilisé pour rendre dysfonctionnel le sénat de la République et constater, de manière très cavalière, par un Tweet, au soir du 2ème lundi de janvier 2020,   la caducité de la chambre des députés. Entité très représentative de la Direction Politique de l’Opposition, l’OPL participe à la mobilisation des forces vives de la société et aux démarches de concertation pour réussir une transition apaisée au départ du président le 7 février 2020.

C’est dans ce contexte de grandes incertitudes  (nul ne sait de quoi demain sera fait) que, par delà les manifestations d’une situation d’insécurité généralisée à travers le pays, de stresse, d’anxiété, de dégradation accélérée des conditions de vie de la population en général et de chacun d’entre nous en particulier, que les structures organisées de l’OPL dans le Sud fortes de leur dynamisme, du militantisme de leurs membres confiants dans l’avenir du pays nous invitent à fêter en gala les 29 ans du Parti. 

7. Prélude au 30ème anniversaire            

Ces festivités sont pour moi le prélude au 30ème anniversaire qui sera célébré avec faste dans l’enceinte aménagée pour le siège central du Parti: sa propriété, symbole de sa pérennité. Je suis heureux de vous annoncer à tous et à toutes la belle surprise: les préparatifs sont en cours. L’année 2021 sera l’année du 30ème anniversaire. Plusieurs activités de taille marqueront ce tournant de l’histoire du Parti, entre autres: la tenue du 7ème Congres national, l’inauguration des locaux du siège central du Parti à Port-au-Prince, au Carrefour Tifou. Déjà les dessins du plan d’aménagement sont prêts, un cadeau de la Royale Construction. 

8. Causerie pour la fortification du Parti      

Très cher.e.s convives, je vous ai déjà tant fait attendre pour passer à table et commencer effectivement la fête. Je m’arrête donc en souhaitant à toutes et à tous Bonne fête, Joyeux anniversaire. Demain, entre militant.e.s et dirigeant.e.s du Parti, à la causerie pour la fortification de l’OPL, nous partagerons réflexions, discuterons stratégies pour garantir la continuité et la transformation du Parti pour la conquête du pouvoir.    

Merci!!!!!

Camp-Perrin, le vendredi 4 décembre 2020